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La danse de la tarentule s'invite au festival Ramdamjam

P'tit Mag | 9 mars 2020 | Angela Mancipe

ÉVÉNEMENT ANNULÉ : Au regard des nouvelles mesures prises par le Conseil d'État du Canton de Genève destinées à lutter contre le coronavirus COVID-19, le MEG et les ADEM ne sont pas en capacité de maintenir le Festival Ramdamjam programmé les 21 et 22 mars. Cette édition est donc annulée. Téléchargez notre communique de presse. 

 

Le printemps s’approche à grands pas, et avec lui, notre festival Ramdamjam, destiné aux enfants entre 2 et 10 ans, organisé en collaboration avec le MEG. La programmation de cette 4e édition s’articule autour du thème des animaux ! Katia Romano, qui transmet les danses d’Italie du Sud dans notre association, proposera une initiation à la tarentelle, destinée aux enfants entre 6 et 10 ans. Ethnosphères magazine l’a rencontrée pour parler tout particulièrement du rituel lié à la morsure de la tarentule. Katia nous a renseigné sur l’adaptation qu’elle a faite de cette danse, afin de faciliter son enseignement auprès des enfants. Elle nous rappelle également les bienfaits de la danse sur le développement des compétences sociales, motrices et artistiques chez l’enfant.
Propos recueillis par Angela Mancipe

 

 

DANSER LE MONDE

Katia Romano est danseuse autodidacte et passionnée par les musiques traditionnelles. Depuis environ vingt ans, elle garde un contact étroit avec la musique et les danses d’Italie du Sud, et plus particulièrement avec la pizzica pizzica, tarentelle de sa région d’origine. Katia a complété ses connaissances sur d’autres danses traditionnelles, telles que la mazurka, la valse, la scottish et les danses en cercles par le biais de différentes formations et stages. Elle est par ailleurs membre du comité de l’Association PourLeBal, une structure active à Genève dans l’univers des danses traditionnelles.

 

Comment s’est dessiné votre chemin dans le monde de la danse et comment en êtes-vous arrivée à enseigner ces danses traditionnelles européennes ?

Depuis mon enfance, j’ai été bercée par la musique : elle faisait partie de notre quotidien à la maison. Je me revois, d’ailleurs, déjà à mes dix ans, dehors avec ma radio rose bonbon à concocter avec les copines des chorégraphies de danse. J’ai découvert la pizzica pizzica, tarentelle de la région des Pouilles, il y a environ vingt ans. Le son des tambours résonnait dans les places des villages, les personnes sautillaient et s’amusaient. La vibration du tambour à tout de suite fait écho en moi. Depuis lors, je cultive cette passion, ce plaisir de partager une danse avec un partenaire et avec les musiciens, constituant un vrai dialogue, unique à chaque danse. Sans doute, grâce aux prestations dansantes que je proposais au sein des ADEM à l’occasion de leurs événements, l’idée de donner des cours s’est présentée à moi. C’est ainsi que de fil en aiguille, Astrid Stierlin, responsable des activités pédagogiques, m’a proposé de transmettre ces danses aux élèves.

 

Quels seraient les aspects les plus importants à retenir des tarentelles et des autres danses traditionnelles européennes ?

Il y a trois aspects importants à retenir. D’une part, elles invitent les gens à se rassembler. Deuxièmement, elles permettent de tisser un lien étroit entre la musique en live et la danse, favorisant un vrai dialogue entre danseurs et musiciens. Enfin, je souligne l’échange intergénérationnel que les danses traditionnelles favorisent. Un échange qui se perd hélas de nos jours.

 

DANSE ET PARTAGE

En compagnie de Johannes Robatel, Katia Romano propose un cours de danse traditionnelles destiné aux enfants, en collaboration avec les ADEM : À la découverte des danses folk et tarentelles.

 

Comment la collaboration avec Johannes Robatel s’est-elle mise en place ?

Johannes et moi nous sommes rencontrés au sein de l’Association PourLeBal. Nous avons d’abord partagé quelques danses, puis collaboré pour la fête de la danse et pour des événements privés.  Nous nous sommes lancés récemment dans cette aventure, et nous espérons bientôt compter un petit noyau de fidèles et jeunes danseurs et danseuses.

 

Photo : Denis Pierre Meyer

 

LES ANIMAUX DANSENT AU FESTIVAL RAMDAMJAM

Dans le cadre de la prochaine édition du festival Ramdamjam, Katia Romano proposera deux activités autour des tarentelles. D’une part, une initiation, d’une durée d’une heure, destinée aux enfants entre 6 et 10 ans accompagnés par un adulte. Cette activité permettra d’établir un échange intergénérationnel. D’autre part, un moment musical « Danses de la tarentelle » sera donné par Katia Romano (danse, tambour et voix) accompagnée par les musiciens Salvatore Alessio, à l’accordéon diatonique, et par Emanuele Ferrari, au tambour et à la voix. Ce moment musical aura lieu au jardin du MEG le samedi 21 mars et dimanche 22 mars à 15h30. Vous êtes invités à participer et à danser !

 

Historiquement, on a associé les danses de la tarentelle à la piqûre de la tarentule et à un rituel de guérison. Toutefois, les enfants à Genève ne sont pas forcément confrontés aux tarentules ni à ce contexte musical et culturel au quotidien ! Quelles réactions attendez-vous des enfants à l’évocation de cet animal et comment envisagez-vous de les canaliser ?

Tout d’abord, il est important de souligner que, de manière générale, les araignées sont inoffensives pour l’homme, à l’exception de quelques espèces qui ne vivent pas en Suisse et/ou qui ont disparu de nos jours. La tarentule tueuse est une araignée mythique. Il y a bien un type de grosse araignée qui existe en Italie du Sud, mais sa morsure n’est pas mortelle, par contre elle provoque des petites rougeurs et des démangeaisons, voire des petites fièvres et malaises. 

J’imagine que les enfants pourront exprimer un sentiment de peur ou de rejet, mais aussi de curiosité et de fascination ! Le sujet leur sera présenté avec des mots simples, dans un cadre détendu, qui se devra de rester positif. L’initiation musicale proposée permettra de donner la parole aux enfants qui auront besoin d’exprimer leurs ressentis.

 

Comment pensez-vous adapter cette danse pour que les enfants se l’approprient ?

Le cours se déroulera en plusieurs parties, pour un apprentissage en douceur. Il débutera par une présentation du phénomène de la morsure de la tarentule, son origine et sa situation géographique, sous la forme de courtes histoires et d’un échange avec les enfants. Une seconde partie sera consacrée à la découverte d’instruments musicaux et à l’apprentissage d’une chanson traditionnelle, qui serviront de transition vers une dernière partie du cours, la danse et la ronde, un moment de partage, tous ensemble.

 

Une dernière question : de quelle manière vos cours peuvent-ils contribuer au développement des compétences sociales, motrices et musicales des enfants ?

La pratique de danse a des effets très favorables pour les enfants et je ne peux qu’inviter les parents à nous rejoindre au Ramdamjam ! Les enfants qui pratiquent une danse ont un meilleur développement, aussi bien au niveau relationnel que physique et artistique.

Sur le plan social, la pratique de la danse à partir d’un jeune âge permet à l’enfant de rencontrer et de percevoir l'autre en dansant, et par ce biais, d’améliorer les relations entre pairs. La danse a un effet positif sur le développement des comportements pro-sociaux, tels que l’entraide, le travail coopératif, le partage et l’empathie.

Sur le plan physique, l’adaptation des gestes et des mouvements au rythme de la musique et à la structure de la danse favorise le développement des compétences motrices. De manière générale, la danse permet aux enfants d’améliorer la prise de conscience de leur corps et de leurs sensations. Plus particulièrement, la danse contribue au développement du sens de l'orientation dans l'espace et de l’équilibre et permet d’améliorer les réflexes. La danse s’avère également très positive pour la mémoire à court et à long terme !

La pratique précoce d’une danse a plusieurs effets bénéfiques sur l’apprentissage musical. Elle contribue au développement de la sensation de pulsation rythmique interne, élément clé lors d’une pratique musicale. La danse peut également renforcer l’aptitude à reconnaitre des sons : le contact conscient avec différents registres musicaux, graves et aigus, éduque l’oreille de l’enfant. Enfin, la danse améliore les capacités de répétition et d’imitation, très importantes pour une formation musicale ultérieure. 

 

 

 

 

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Le weekend du 21 et 22 mars, le festival Ramdamjam accueille le printemps en beauté ! Destiné aux enfants entre 2 et 10 ans, le festival vous propose plus de 70 événements consacrés aux danses et musiques du monde : spectacles, contes, initiations, ateliers,  projections, courts-métrages, visites sonores et même un petit-déjeuner en musique sont au programme !

Plus d’informations et billetterie ici !

 

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Pour plus d’informations sur les cours de Katia Romano et Johannes Robatel autour des musiques folk et tarentelles, cliquez ici 

 

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